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Consacré à la rédaction de souvenirs Légion

LE CIMETIÈRE DES ÉLÉPHANTS (23)

Publié le 27 Août 2013 par LAHUPPE

 

Traditions
_______________________«Dix septième bouton»
Plus nous allons cependant, plus la routine s'installe, et plus mes souvenirs se raréfient, allant avec la confusion des jours ...

Après Noël - ce que tout légionnaire sait - mais surtout les sous-officiers ... et nous ne commettrons pas de redite sur les fêtes de la Légion pour autant...

Rappelez-vous nous étions à Noël 1962 ... suivi évidemment du jour de l'an 1963; en soit 1er janvier de l'année, mais sans caractère autrement marquant et festif donc, que s'associer à la fête de la Nativité ...

... car c'est la fête des rois qui constitue le deuxième événement, de la vie légionnaire - Folklorique principalement - Traditionnel surtout; et malgré tout, encore tout empreint des connotations religieuses -, en fait deuxième - ou troisième fête - et dernière ! -, de la Légion ... si l'on considère - dans l'ordre du classement -« Camerone »... comme étant celle par excellence du Corps d'élite.

Pour le lecteur néophyte - autrement dit, pour celui qui se sera aventuré dans cette lecture de souvenirs, un tant soit peu personnels, sans savoir par avance qu'il sacrifierait à ce point au mythe - puisque nous en arrivons au dix septième « portrait-charge » et avant dernier bouton -, précisons que « Camerone » se trouve être la fête principale (qui ne veut plus rien dire « principale ») - emblématique surtout - commémorant l'un des plus grands - le plus grand ! - et plus anciens - fait d'arme de la prestigieuse phalange.

Au même titre ... {et les inconditionnels pourront me reprocher de mélanger les genres), mais s'agissant de souvenirs, et remémorant la genèse de mes attachements, je me souviens ici, de ces dessins à la plume qui illustraient les livres d'Histoire de France « du temps », et de l'École Primaire déjà ; recopiant, pour la plupart, des tableaux entrés dans les musées - tel celui de « La dernière cartouche », de Alphonse de Neuville par exemple ... lequel avait trait à cet épisode héroïque de la guerre de 1870; où une poignée de «Marsouins» du 12éme ÇA, alors commandé par Mac-Mahon, - poignée d'Infanterie de Marine appartenant à « la Division Bleue », comme on l'appellera plus tard - à savoir, une trentaine, avec leurs officiers - vont résister à 1 contre dix, jusqu'à y perdre leur vie -, à un fort contingent - expression consacrée ! - du 4ème Corps d'Armée Bavarois.

Il suffira de cette seule journée du 1er septembre 1870 - ... en fait matinée - quatre heures nous raconte le texte officiel - pour immortaliser ce village des Ardennes, et la modeste auberge de Bourgerie située à sa sortie; autant que donner à l'infanterie de Marine sa page de Gloire.

Ne pas chercher plus loin, au moins - et à chacun sa voie et façon de cheminer ! - le fait de savoir comment l'exaltation venaient alors aux enfants ... où il suffisait d'ouvrir ces livres de classe concernés, et les feuilleter, avec ces chromos à contempler (désormais « surannés » nous dit on; peut-être un peu trop facilement, pour ne pas faire, suffisamment authentiques - réalistes - Que sais-je ?) ; afin d'être en mesure de cultiver les modèles héroïques, avec les vertus qui leur étaient attachées ...

Ne pas plus s'étonner non plus, que le « Bonaparte au pont d'Arcole », ou encore le « Roland à Roncevaux » tableaux du, ou des temps, toujours, n'aient plus rien à voir avec les faits héroïques; quant ils n'en hérissent un certain nombre, s'il s'avère qu'aujourd'hui, on veuille encore magnifier les faits d'arme, au lieu que se contenter simplement de les resituer, dans leur contexte ou époque, et répertorier; sinon d'en faire un sujet de thèse; comme ne se satisfaire désormais, que du seul contenu artistique, ou de l'anecdote, pour ranger les faits d'arme concernés au magasin des accessoires.

Tant pis pour les rêves des enfants; tant pis pour la fierté d'appartenance qui était la leur, la culture des idéaux; et dit en l'espèce, sans pour autant, qu'aucun mot en « isme » vienne s'en mêler bien sûr.

Mais tels furent bien cependant, les premiers modèles qui me furent proposés ... et que ce colonel en retraite, qui plus est - auquel j'ai pu faire allusion au début de ces « entretiens » - me donnaient à contempler - autant que cette sœur de ma mère, religieuse à Aïn Serra, contribuait à stimuler, avec une correspondance suivie, entretenue avec le neveu que j'étais; et qui fit qu'insensiblement (!) le mythe se mit en place par devers moi, par devers nous; puisque de Légion il se trouvait déjà bien question en filigrane, vers les années 47, 48, concernant cette tante au premier chef, sur tout l'ouest algérien subornée, séduite et enlevée (!) alors par un notable de l'endroit ...la ramenant en France, aventure précédemment sommairement évoquée en exergue.

La Légion fut chargée de l'enquête - nouvel aparté et come-back ! - diligentée par un dominicain, le Père Bruckberger, qui dans les années 80 -plus de trente ans après! - pensa utile - surtout rentable ... cultivant sa notoriété ? - de tirer un livre du récit de l'événement; livre dans lequel ma parente se trouve plutôt éreintée; comme si le religieux - et écrivain par raccroc qu'il était - voulait laver ses manquements à la règle, sur le dos d'autrui, de ne pas s'être privé quant à lui, de quelques écarts de conduite; écarts dont il faisait état - plus ou moins publiquement d'ailleurs ! - et ne me voit donc, pas plus scrupuleux d'entrer dans ces considérations !

Par contre, s'agissant d'une religieuse ... La chose en devenait impensable (Au point de le voir soutenir dans son "bouquin", avoir rencontré « Antinea », la reine de l'Atlantide !)

L'outrance de propos n'embarrassait manifestement pas l'abbé, qui semblait ne pas s'occuper de savoir le mal qu'il pouvait faire, en donnant une telle publicité au fait divers; qui plus est, trente ans après par conséquent; mais pour lequel, par contre, aller au bordel, ou céder aux instances ou assauts d'une paroissienne en quête d'exotisme, autrement dit "baiser", était bien moins gravissime que de voir - Quel scandale ! - une sœur blanche - comme on les appelait encore -, se trouver bouleversée dans ses sentiments - et bien à son corps défendant ...pour cause - par l'un de ses malades ...

(Appréciation très personnelle, car n'ayant jamais renié la Foi de mon enfance, je ne me suis jamais complu dans une critique de l'Institution à laquelle je suis resté fidèle ... et m'en voudrais de le faire)

Peut-être ne quitte-t'on pas - ne quittait-on pas - non plus, impunément sa famille à l'âge de seize ou dix-huit ans - le souvenir exact me fait défaut - pour partir une vie entière - et la certitude de ne jamais revoir les siens -,... Outremer ...

... qui plus est, sans conséquence ...

... peut-être aussi, l'une des raisons qui font que ce régime de vie, n'existe plus, hormis les choix de « Clôture »... et encore !

La pauvre femme et tante, accueillie par mes parents, avec son compagnon - fut récupérée par la Congrégation, le surlendemain - sinon jour même, de son arrivée ... à Paris .. .dans un restaurant du boulevard des Capucines (!).

(Qui je crois bien existe toujours, et tant, chaque fois passant, il me semble le reconnaître!)

Restaurant où le couple avait fixé rendez-vous à mon père ...

Attablés étions-nous au premier étage de l'établissement.

J'ai toujours devant les yeux - du haut de mes huit ans ! -, la scène, où le maître d'hôtel vient à notre table annonçant qu'une sœur - ou « dame » - Andrée se trouve demandée au téléphone...

La surprise fut telle - qu'hormis ma tante, s'en allant à la cabine du rez-de-chaussée pour prendre la communication - personne ne bougea ... ... autant ce qui fît, qu'une voiture l'attendant - dans laquelle se trouvait au moins sa mère - ma grand-mère - comme nous l'apprîmes plus tard ! - elle se retrouva au ... Zaïre à continuer son apostolat, pendant les vingt à trente ans qui s'ensuivirent... (Tandis que le notable d'Aïn-Sefra nous demandait régulièrement de ses nouvelles) ...

... Terminant « quand même », ses jours dans la Maison de Retraite - située dans la banlieue parisienne - des Sœurs de Notre Dame d'Afrique ... (Et se punissant peut-être inconsciemment d'avoir failli - un instant - à ses vœux - :- De devoir être opérée d'un sein ... puis du deuxième ... puis d'un pied ... et au dessus ... Plus haut encore ... que le genou; puis jambe ... et puis l'autre ?)

Je ne sais plus ... très bien

J'allais la voir ... qui me confondait sur la fin avec mon fils ...

Autant je continuais à la chérir avec tendresse.

De temps en temps - il y a un mois au moins - me rendant à Palaiseau ... j'ai fait un détour par le cimetière, dans lequel la Congrégation a l'une de ces tombes collectives où elle repose désormais.

Peu de fleurs ... y sont présentes.

Ne vous étonnez pas que je sois bouleversé par l'évocation.

I1 n'est pas nouveau qu'on cherche à se faire remarquer de toutes les façons possibles - aujourd'hui peut-être plus qu'hier, et sans doute bien moins que demain ! - Et plus le mensonge (ou la déformation - l'interprétation des faits) sera ...« gros » , plus il continuera d'être accepté comme vérité d'Évangile, bien sûr - Peu d'illusions à ce sujet...

... Sur ce plan là il est certain que le Père Bruckberger ne craignait personne.

Quant à ... nous - quarante ans après malgré tout ! - ... qui n'avons fait que renouer avec la Légion, et sans l'avoir aucunement prémédité, ces liens ébauchés alors ... « au plan familial » !

Aurions-nous seulement un seul instant, imaginé nous retrouver dans les lieux où s'était nouée l'intrigue ...

Au point de constater - et quelle étonnante surprise ! - l'exact, sinon absolu, face à face existant entre la porte du PC régimentaire et celle du dispensaire où ma tante avait exercé sa fonction de sage-femme ... vingt ans auparavant !

Imaginé aussi ce long compagnonnage se poursuivant toujours aujourd'hui ... ainsi que cette présence résidante et persistante ...

Et de moi, ou de la Légion, qui continue à interpeller l'un, qui, d'interpeller l'autre toujours; par delà le temps et les hommes eux-mêmes, sur cette histoire survenue « décénies » auparavant ?

 

Mais revenons à « notre » propos ...

Nous parlions il y a quelques instants de « dernière cartouche », et de récit officiel; de la même façon que Camerone redonde - résonne - désormais dans les mémoires, accompagné des échos des « trompettes de la renommée »; épopée héroïque qu'elle est devenue - et qu'elle fut -; autant survenue une dizaine d'années plus tard, dans l'Histoire du Second Empire.

Nous sommes en 1863 ... au moment de cette campagne mexicaine, où l'empereur Napoléon III a voulu - dés 1858 - se gagner déjà, des avantages commerciaux ...

Un tant soit peu manipulé par son épouse Eugénie, née Montigo, d'ascendance espagnole.

Elle même, subissant l'influence d'un de ses proches et ami d'enfance ... José Hidalgo - José Manuel Hidalgo y Esnaurizzar, issu d'une famille de la noblesse andalouse et.. diplomate mexicain ... !

L'empereur voulait-il se faire pardonner son côté exagérément volage, encore que le motif nous paraisse un peu ... léger ?)

Imaginant, qu'il aurait aussi et ainsi, la possibilité de démontrer ses intentions pacifiques; au moins ses bonnes intentions de coopération avec l'Angleterre, et l'Espagne la catholique ... avec lesquelles il se trouvait conjointement impliqué, dans l'aventure américaine; encore qu'ayant su se dégager, quant à elles - il y avait encore peu -, du piège de l'utopie ...

(Nonobstant ses intentions pacifiques donc, et dont il avait protesté au moment de son couronnement - bien que rêvant malgré tout de la gloire de son oncle (!) -, au moins pour se faire consacrer empereur.

On sait les équivoques qui s'ensuivent toujours, et qui font qu'insensiblement » - insidieusement ! -, la confusion s'effectue sur les mots, de prendre l'un pour l'autre, pour passer « sans état d'âme », de pacifiques à ... pacificatrices, lorsque les intérêts « vitaux » - où les rêves de gloire - sont en jeu)

Devenues ces « bonnes » intentions de Napoléon, de fait - et prévisible -, parfaitement « pacificatrices » par conséquent ... c'est à dire fermement opposées à l'expansionnisme américain et son anglicanisme religieux ...

Très coq gaulois en somme !

Et l'amenant, à considérer comme parfaitement légitime, de se présenter comme « sauveur de la race latine et du catholicisme sur le nouveau Continent......

(Suivez mon regard ...

Pour « donner l'exemple» ô combien, et par anticipation, à tous les « colonialismes» peut-être bien, qui allaient suivre - et autres avatars contemporains !)

En fait il est grand temps de redorer le blason - a bon compte pense-t'on - qui ne serait pas une si mauvaise affaire ... autant que d'amadouer - consolider les relations avec - le « roi de Prusse » ...

(De fait avec l'empereur d'Autriche François-Joseph 1er, face à la Bavière déjà, et s'en faire un allié.

Par les temps qui couraient alors, ce genre d'initiative n'apparaît pas du tout, chose déraisonnable)

... prévoyant de donner la couronne de ce nouvel empire « catholique » à son frère Maximilien ...

Tout ça ronronne - tin peu cousu de fils blancs incontestablement... sinon décousu - d'autant le contingent de seulement six mille hommes disponible là-bas, au moment même, alors que le consensus se trouve complètement remis en question, avec le coup de main sur la présidence, d'un Bénito Juarez, bien décidé a faire cesser toute présence étrangère au Mexique.

De Mexico, objectif initial, les français devant la résistance héroïque des mexicains qu'ils ont amenés à se retrancher dans deux forts proche de Puebla, étape stratégique sur la route de la capitale, vont se replier sur Orizaba ... entraînant bien sûr - ce «pas marqué » dans notre avancée ...- , un changement de commandement à la tête de nos troupes avec l'arrivée du général Forey, maintenant accompagné de 30000 hommes débarquant de métropole (!); lequel va mettre le siège devant Puebla en mars 1863.

C'est là que va avoir lieu le 30 avril, l'épisode héroïque, où 60 légionnaires avec leurs trois officiers, vont soutenir durant dix heures - onze en fait - et dans des conditions de température extrêmes (!) - retranchés quant à eux dans la ferme du lieu-dit CAMERONE, près Palo Verde -, un siège, suivi de l'assaut inévitable, d'environ 2000 mexicains ... 800 cavaliers et 1200 hommes à pied. 1)

Mais déjà : Pourquoi l'existence de ce détachement de seulement 60 hommes, s'agissant d'une compagnie, et qui comporte l'énoncé en lui-même sa réponse dés lors que l'on resitue l'effectif dans le contexte de l'époque ?

... c'est ici qu'il faut peut-être aussi - ou qu'on peut- se référer au texte officiel du récit de la bataille - complet en lui-même - et lu chaque année à la date anniversaire du 30 avril, devant le front des troupes (et dans tous les lieux où se trouvent le moindre détachements Légion - associations d'anciens comprises bien sûr -; où que se soit de par le monde) -,

récit fournissant suffisamment de détails, sur les tenants et aboutissants de l'événement, qu'il ne nous semble pas autrement nécessaire de repartir dans une nouvelle description ... Comme pour l'épisode de la « Dernière cartouche » évoqué ci-avant d'ailleurs.

(Nous permettant incidemment de mentionner pour mémoire - et tout récemment sorti (!) - ce livre remarquablement bien fait dans la série «Pour les nuls» - j'en vois sourire ! - Tel « L'informatique pour les nuls» par exemple ... - ou « Window pour ...» - et qu'est cette nouvelle série innovante - quant elle ne surprendrait évidemment ! - élargissant le domaine dans laquelle elle semblait se cantonner, désormais à la Culture en général... et où l'on trouve dorénavant :

« L'Histoire de France pour les Nuls » ... Un vrai régal ...

A offrir incontestablement et consommer sans modération ...

Mentionnons page 516 et en encadré voyez-vous ça ! - le récit effectué, quasi in extenso, de la fameuse bataille)

Les anciens qui me lisent - et qui veulent bien m'accorder encore quelques instants de lecture - vont trouver l'évocation qui suit sans doute un tant soit peu superflue ... car l'histoire il la connaisse par cœur ...

... je reprends ici, le récit officiel :

« L'armée française assiégeait Puebla.

La Légion avait pour mission d'assurer, sur cent vingt kilomètres, la circulation et la sécurité des convois. Le colonel Jeanningros qui commandait, apprend, le 29 avril 1863, qu'un gros convoi emportant trois millions en numéraire, du matériel de siège et des munitions était en route pour Puebla. Le capitaine Danjou, son adjudant-major ...

Remarquons l'emploi du titre qualifiant l'emploi, différent du grade; de même que l'effectif de l'époque, d'une compagne, puisque s'agissant de la soixantaine que l'on sait désormais !

... le décide à envoyer au devant du convoi une compagnie.

La 3ème compagnie du Régiment étranger fut désignée mais elle n'avait pas d'officier disponible. Le capitaine Danjou en prend lui-même le commandement et les sous-lieutenants Maudet, porte-drapeau, et Vilain, payeur, se joignent à lui volontairement.

On notera aussi la sobriété du propos ...s'agissant bien de volontaires ...

Le 30 avril, à 1 heure du matin, la 3ime compagnie, forte de trois officiers et soixante deux hommes, se met en route ...

(65 en tout par conséquent - et non soixante comme il arrive qu'on « arrondisse », et comme j'ai pu le faire moi-même, il y a quelques lignes - Notant malgré tout les premiers termes de l'inscription figurant sur le monument érigé à l'emplacement du combat, et qui disent : « Ils furent ici moins de soixante ... »;

S'agissant de vies humaines en cause ou en jeu, le détail ne nous apparaît pas forcément superflu ... au risque de grandiloquence s'en mêlant; de croire - à nouveau - nécessaire de le rappeler ... Il y a eu tellement de livres écrits sur la question !) )

Elle avait parcouru environ vingt kilomètres, quand, à sept heures du matin elle s'arrête à Palo Verde pour faire le café. A ce moment, l'ennemi se dévoile et le combat s'engage aussitôt.

A nouveau une ... pause ... de penser utile de mentionner aussi, le livre de Pierre Sergent intitulé « CAMERONE » ... remarquablement documenté, et donnant les tenants et aboutissants non seulement de la bataille, mais de la campagne du Mexique dans son ensemble ...y compris de ce qui allait déboucher sur la guerre de 1870 ...

Sergent s'inspirant, je le pense - avec beaucoup de talent qui plus est ! - ... des journaux de marche des régiments impliqués, dont il suit les déplacements quasiment au jour le jour ...avec la relation passionnante des événements qu'on peut imaginer.

Mais reprenons notre récit, sans plus revenir au texte officiel et pour cause - n'étant pas en outre, certain d'avoir la possibilité de le faire sans être en infraction avec la Loi - En fait surtout par scrupule et respect.

La compagnie du capitaine Danjou - lequel a perdu une main, dix ans auparavant en Algérie, remplacée par une prothèse en bois articulée, - son arme lui ayant explosé dans les mains sans qu'on en sache vraiment les raisons (!) - détail dont vous allez voir qu'il a son importance - se trouve donc assaillie, et doit repousser plusieurs charges de cavalerie avant que de trouver à se retrancher dans une auberge - l'auberge de Camerone - disposant d'une cour carrée, entourée d'un mur de bonne hauteur (environ 3 mètres).

Le capitaine décide d'y fixer l'ennemi afin de retarder le plus possible l'attaque du convoi en route pour Puebla.

Il est 10 heures lorsque le commandant de compagnie fait jurer à ses hommes de se défendre jusqu'à la mort.

Il sera tué à midi d'une balle en pleine poitrine pour être aussitôt remplacé par le lieutenant Vilain qui tombera à son tour, vers les deux heures, frappé à son tour d'une balle au front.

Le combat durera jusqu'à 6 heures du soir, où l'assaut final va être donné; ne reste autour de Maudet que cinq hommes valides - nommément cité dans le texte officiel, que sont : Le caporal Maine, les légionnaires Catteau, Wenzel, Constantin, Léonhard; chacun avec une cartouche, et qui déchargeant leur arme, se précipitent sur l'ennemi à la baïonnette.

Le sous-lieutenant Maudet; Catteau et Léonhard, sont touchés à mort.

Maine et ses deux camarades vont être massacrés, quand un officier mexicain - est-ce le colonel Milan qui commandait les troupes mexicaines ? - les sauve en leur demandant de se rendre.

Ce que les trois hommes consentent d'accepter, sous promesse de soins accordés aux blessés, et que leur soient laissées les armes.

La réponse est donnée pour ce qu'elle fut :

- « On ne refuse rien à des hommes comme vous » dit l'officier mexicain.

En fait il est fort probable - ajouté pour les inconditionnels de la preuve en matière d'authenticité du fait historique - que les choses se sont ainsi passées ...- ne serait-ce que de le voir confirmé dans les comptes rendus d'archives militaires -, dont font état « au moment même » les extraits de presse mexicain, tels ceux provenant du journal « Héraldo » de Mexico du samedi 16 mai 1863 intitulé : « Sucesos de Camaron »; rendant hommage au courage des troupes françaises et donnant force détails sur la fin du capitaine Danjou, et des sous-lieutenants Vilain et Maudet.

Toujours est-il que les soixante hommes (64) du capitaine Danjou auront tenu jusqu'au bout leur serment, et résisté pendant 11 heures, à 2000 ennemis en en mettant plus de 600 hors de combat, autant qu'ils remplissaient leur mission en sauvant le convoi.

Faut-il plus, et encore préciser, que les noms des trois officiers se trouvent gravés en lettres d'or sur les murs des Invalides à Paris (à la demande de Napoléon III); et qu'en outre un monument élevé à l'emplacement du combat subsiste toujours, portant l'inscription (que je pense ... chaque légionnaire connaît elle aussi par cœur)

ILS FURENT ICI MOINS DE SOIXANTE OPPOSÉS A TOUTE UNE ARMEE

SA MASSE LES ECRASA, LA VIE PLUTOT QUE LE COURAGE ABANDONNA CES SOLDATS FRANÇAIS

LE 30 AVRIL 1863 A LEUR MEMOIRE LA PATRIE ÈLEVA CE MONUMENT

Le texte officiel mentionne encore, que lorsque les troupes mexicaines passent devant le mémorial, elles présentent les armes.

Quand à la main articulée du capitaine, elle occupe la place d'honneur dans la crypte où sont inscrits le nom de tous les morts de la Légion Étrangère; crypte que l'on peut voir en visitant le Musée d'Aubagne.

Offerte aux regards de tous ceux qui ont juré honneur et fidélité à la Légion, comme une relique sacrée, dans un coffret aux parois de cristal; elle est portée chaque année par un ancien « méritant », devant le front des troupes, tout au long de la voie sacrée qui mène au monument de la Légion s'élevant dans la cour de la Maison Mère.

C'est aussi en 1973, où fêtant le 160éme anniversaire de la création de la Légion, à l'occasion du Congrès des Anciens à LILLE, que sera mis à l'honneur l'un des combattants de la bataille, dont la tombe se trouve située au cimetière de l'Est de la Métropole du Nord.

Son nom figure sur l'état des effectifs marchant de la 3ème Compagnie du Régiment Étranger, le 30 avril 1863.

- Légionnaire Pharaon Clovis Van Den Bulcke ...

Tombe sur laquelle je serais amené (Chargé de la couverture Presse du Congrès) à me recueillir avec mes camarades et membres de l'Amicale; ...

Cependant, avais-je à l'époque, déjà pris véritablement conscience de l'importance de la démarche ?

Déjà pour ne pas avoir pu participer à la célébration de Camerone 1963 ... amené, à me trouver prématurément rapatrié en métropole ...

... sera-ce cependant l'une des raisons -, qui m'amèneront à participer par la suite, et durant trente cinq ans, aux cérémonies, en tant qu'«anciens» et membre d'amicale, et écrire aujourd'hui ce qui manifestement m'a marqué pour la vie entière ?

Que se passa-t'il au moins, qui m'obligea de rentrer en Métropole avant le terme du service ...

Revenons quelques semaines en arrière ...

Février 1963 est arrivé ... où va avoir lieu - après la période des fêtes - la reprise des activités normales de l'unité ...

Inaugurant la série d'activités à venir; en l'occurrence, avec la préparation d'une compétition inter régimentaire de marche forcée par section, ...

... qui plus est, organisée avant le retour des grosses chaleurs ... et pour laquelle je prépare méthodiquement mes hommes, autant moi-même, en m'astreignant d'effectuer un footing quotidien vers les piles du pont que l'on aperçoit à trois kilomètres (en fait flanqué est-il de deux tours de garde impressionnantes, qui font qu'on l'aperçoit de très loin), pont par lequel « l'inox » franchit l'oued asséché d'Aïn Sefra, avant de s'engouffrer dans la montagne en empruntant ce défilé rocheux menant au terme, jusqu'à Colomb Béchar.

Arrive le jour J de l'épreuve. Je me sens en forme !

Nous prenons ce jour là, le départ vers neuf heures, pour un huit kilomètres chronométré effectué en tenue de combat, avec la dotation normale en armement, munitions comprises (dont FM bien sûr !)...

La température est déjà relativement élevée, et si je n'en ressens pas d'emblée les effets, je constate très vite, que les plus âgés de mes hommes - certains proches de la quarantaine - peinent sérieusement dés les premiers kilomètres; qui fait que je prends (avec un ou deux autres plus solides), qui de l'un, son fusil, qui de l'autre, son PM; puis des chargeurs; une deuxième, quand ce n'est une troisième arme etc etc...

... Effectuant consécutivement, un certain nombre d'allers et retours tout au long de la colonne ...

Poussant l'un ... tirant l'autre ... stimulant... encourageant...

Pour finir par faire le meilleur temps du régiment; mais à un prix tel (ambitionnais-je à ce point de « réussir » ?), que le résultat au tir qui s'ensuit, s'avère totalement désastreux; autant ma fatigue, conséquente, et d'une certaine façon, à la mesure de mon entêtement; mais qui fait aussi que ce refus d'admettre une relation entre résultat et fatigue concernée, m'empêche d'être alerté sur la nécessité de devoir modérer un peu mieux mes efforts, qui fait qu'insensiblement je m'en vais vers ... "la ligne de touches"..

Il va m'être proposée une permission de quinze jours ... où je retourne en métropole dans un état plus ou moins second - au point de dormir toute la durée du séjour ...

N'ai-je pas envisagé aussi - la proposition m'en a été faite avant mon départ en permission - de signer un contrat carrière courte (avec un stage de nageur de combat, qui m'attend au retour) ... témoignant en quelque sorte du désintérêt que je porte à la vie civile; mais plus, d'une forme de « désespoir » qui n'ose pas dire son nom - malrausien ! - d'autant ne pas voir immédiatement d'autres perspectives d'avenir, qui me paraîtraient vraiment valoir la peine être prises en considération ...tel ayant bu une eau de vie un peu trop forte, se retrouvant incapable d'apprécier, un régime de vie plus tranquille, perçu bien fade au moment même.

Arrive la fin de cette permission de détente, où mes sœur inquiètes de me voir à ce point « changé » - me demandent de les accompagner, le samedi soir qui précède mon départ - prévu le lundi suivant - au « bal du Zoo » (!) -, à Maubeuge donc ...

N'ai-je pas subi aussi une déception sentimentale avant mon départ au service, dont la blessure n'est pas encore complètement cicatrisée, et qui me rend d'une certaine façon vulnérable, sinon réticent à consentir.

Pourquoi accepte-je de les accompagner malgré tout ?

Ce que je n'ai absolument pas prévu, c'est qu'une jeune fille depuis longtemps remarquée, et amie de mes sœurs, se trouve ce soir là présente - autant « libre » semble t'elle - alors que depuis longtemps donnée pour fiancée à un maubeugeois...

C'est l'emballement imprévisible.

Nous nous reverrons brièvement le dimanche en nous promettant de nous écrire ...

Suis-je l'homme d'une seule passion ?

Je repars pour l'Algérie ... effectivement changé ... mais pas du tout comme je le prévoyais.

 

(À suivre)

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