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Consacré à la rédaction de souvenirs Légion

LE CIMETIÈRE DES ÉLÉPHANTS (22)

Publié le 26 Août 2013 par LAHUPPE

LE CIMETIÈRE DES ÉLÉPHANTS (22)

Noël 1962

______________________ «Seizième bouton»

Nous approchons de Noël ...

... autant avons-nous pris nos ...

habitudes, avec la fin de l'engagement militaire, et réduit notre présence sur le terrain;

Ce qui bien sûr, a rétréci d'autant le champ de notre entraînement, limité désormais à quelques marches ou raids sporadiques; et nous oblige beaucoup plus, à nous occuper « sur place »... sans constituer forcément évidence, sinon avantage.

La contemplation du paysage a ses limites - même embellie, serait-elle, par les soleils couchants.

(Encore que nous ne nous lassions pas du spectacle; chaque soir "vécu", pour ce qui nous concerne, au travers de la petite fenêtre de la popote officiers, ouverte en embrasure dans un mur de plus d'un mètre d'épaisseur.

Deux banquettes de pierre, flanquant de part et d'autre l'ouverture ménagée, nous permettent de nous asseoir après souper, les « trois » que nous sommes; une tablette dressée entre nous, pour y jouer à la ... belote.

Il arrive parfois, qu'ainsi admirant, le vent se lève et dresse tout à coup, une muraille de sable, sombre et menaçante, de quelques dizaine de mètres d'épaisseur, constituant violent contraste avec la lumière ambiante, du côté d'Aïn Sefra, et s'en venant de cinq ou six kilomètres ...

Nous la voyons arriver de l'horizon; chaque fois avec un peu d'angoisse; exaltés malgré tout par le spectacle; jusqu'à nous trouver noyés dans cette ombre opaque, pendant de très longs moments...

À d'autres, c'est la brise aléatoire - mais s'agit-il de brise dans le désert ? - soulevant quant à elles ces petites tornades fugitives de sable qu'on appelle des sorcières ... qui captent un instant nos regards ...)

Hormis le passage, seulement hebdomadaire me semble-t'il, du train, pas d'autres distractions cependant !

La préparation des fêtes y prend donc toute son importance ... avec le concours de crèches à la clé, pour les quelques 20 sections du régiment ... à laquelle édification, la mienne s'adonne de bon cœur ...

Le local qui nous est attribué est suffisamment vaste qu'il permette une représentation monumentale de cette scène de la nativité, avec le bar en vis à vis, aussi conséquent bien sûr, que la crèche elle-même.

Arrive le 24 décembre 1962, sans incident notable ...

Il est certain - évident - que la journée va constituer pour moi une découverte, autant que continuer de m'introniser aux traditions Légion.- ... Épaté je suis bien sûr ... si vous me passez l'expression - devant l'imagination remarquable déployée pour la fabrication des crèches ...concernées 1)

Dans cet espace plutôt confiné, de la compagnie - limité à quelques 100X100 m de surface -... vont démarrer vers 17 heures, les libations ...

... dont je ne conserve qu'un assez vague souvenir; hormis d'avoir malgré tout gardé en mémoire, ce moment où, vers les 1 heure du matin ...

- après le repas amélioré, poursuivi jusqu'à cette heure relativement tardive à la popote officiers, les trois que nous sommes, en tête à tête avec notre serveur en veste blanche.

Repas dont j'ai conservé le menu, confectionné par les hommes, pour témoigner encore de la qualité du service, dans lequel figurait.. la demie langouste par légionnaire.

Superbe par conséquent ! -

... Après le repas donc; vers ces 1 heure mentionnée; me voici entreprendre une visite de la chambrée de la 2ème section, qui est la mienne ... - pensant avoir suffisamment fichu la paix à mes hommes en début de soirée ! - ... je pénètre dans le local - dont j'ai pu constater ... précédemment le bel approvisionnement en apéritifs, alcools et bières de toutes sortes...

Demeure un homme debout - peut-être bien Farina ...le clairon - Qui m'invite à prendre - urbain est-il... très homme du monde ! - Enchanté de ma visite et manifestant - expansif -, son plaisir à me voir ! - une consommation ...

Seulement... le hic (et pour cause !) - c'est que plus rien - Plus aucune bouteille ne subsiste visible sur les étagères (installées pour la circonstance, tout au long de quelques trois ou quatre mètres de rayonnage !).

Farina semble bien un peu déconfïs, déconcerté - Est-ce pour cette raison que je le vois vaciller ? - Humour !... qui a cependant de la suite dans les idées ... - Il faut dire que mon attention se trouve aussi un tant soit peu emoussée, je ne suis pas non plus, très « clair» - à l'évidence - loin de là ... - reste une bouteille qui a bien une forme un peu bizarre - s'agissant en fait d'un bocal ! - que mon impétrant s'en va chercher - sans être autrement interpellé par l'allure insolite du flacon - dont il verse le contenu ... limpide, dans deux grands verres..

Tchin tchin ... je trempe mes lèvres dans le breuvage ... au fort goût de vinaigre ... - Que dis-je ? - II s'agit bien de vinaigre, et du meilleurs ... en l'occurrence celui du bocal à cornichons...

... Et merles qui s'en dédisent... quand ce n 'est pour le roi d'Angleterre ...(je veux dire faute de grives bien sûr !)

Et personne obligé de me suivre jusque là ... à savoir dans ce genre d'humour pour le moins ... tumultueux, brumeux sinon douteux !)

Restons-en là de l'anecdote ... ne tenant pas plus à rendre compte, de la réaction de mon vis-à-vis, qu'on imaginera - ou pas - mais pour ce qu'elle fut néanmoins ... qui buvant, et sans sourciller d'un trait son verre, le termina ... « jusqu'à la lie par conséquent » !

Mentionnons aussi durant la nuit - et sans aucune relation avec l'état des lieux (ni ce qui précède ... pour cause \) ... c'est à dire le moment ! -... cet événement Ô combien rapporté, qui fut - ou fit - que la truie de la compagnie - dont les produits agrémentaient notre ordinaire - mit bas, comme on dit - d'une bonne portée de petits cochons tout roses ...

À laquelle prestation, le toubib assistera, attiré par les cris de la bête en gésine ... pour être commis ensuite, lors de la fête des rois, à porter durant toute la journée une espèce de cage dans laquelle s'ébattront les porcelets ...

En attendant (!) cette future prestation de nos petits cochons ... le jour se lève ... sur un spectacle qui pourrait être de désolation - en fait celui d'un lendemain de fête ! -,

si...

Si ...n'arrivait au PC de la compagnie un message, donnant l'ordre de nous porter dans la journée à ORAN, avec la totalité de l'effectif; en mesure de défiler le lendemain matin, en l'honneur de quelques généraux sur le départ... ou rapatriement en ... Métropole ...

Une minute de silence ...

Ceux qui prendrait ce récit pour divagations de s/lieutenant, encore sous l'emprise de la boisson; qui plus est, d'un Noël trop bien arrosé, y perdraient leur pari éventuel; car tel fut bien la réalité de ce lendemain de fête du 25 décembre 1962, à la 1ère compagnie du 5ème Étranger ... Où nous - c'est à dire Farina rescapé, et deux ou trois autres, émergeants des brumes ... donc ... Avec le lieutenant et le capitaine - ... entreprîmes de tirer à hue et à dia, qui l'un, qui l'autre - chargeant bon nombre, par pieds et mains, à même le plancher des GMC; les tenues en vrac derrière - Et Grâce à Dieu - pliées, quant à elles ...

(Bienheureuse discipline quand tu nous tiens et démontres ton utilité ... - même rapportée - par ailleurs ...

... Nouveaux soupirs !)

Prenant le volant d'un des véhicules ... fallait-il en plus, en arriver à faire un tel constat - Serre-flle étais-je ? - je ne pus, que me rendre à cette évidence, et spectacle, de constater la présence ininterrompue tout au long du trajet - j'exagère à peine ! - de deux traînées humides de part et d'autre de la chaussée ...

... qui continuent de m'assurer avec le temps, que la route était bien goudronnée - une chose !

... mais surtout que les quelques valides subsistants, avaient bien réussis, et à mon parfait insu (!) - par un tour de passe-passe dont je continue d'ignorer les subtilités - à charger des packs de bières dans les véhicules au moment du départ, aux fins de continuer tout à gogo, et loisirs, leurs libations... - une autre !

Nous défilâmes ... C'est sûr ... - très fier fus-je ... malgré tout... je n'ai pas le vin

triste - à côté du lieutenant Aubert commandant la 1ère section - par colonnes de six - et capitaine en tête, au rythme du fameux pas lent de la Légion.

Ce que nous ne remarquâmes pas d'emblée - et qui fut en soi souhaitable -, c'est le dispositif adopté, qui permis aux plus lucides de serrer les rangs, mais aussi les plus « flottants », et de donner le change ...

Nous ne tûmes pas l'objet d'observations particulières ...

Eûmes même droit aux applaudissements; nourris qui plus est 2)..

... regagnâmes nos pénates sans trop faire état du déroulement de la prestation; il y a ainsi des chose qu'il vaut mieux oublier, au moins taire, de peur de finir par se trouver embarrassé de détails par trop compromettants; sinon risquer de commettre des bévues toujours lamentables dans ces circonstances ... lorsque malgré tout - malgré les apparences -, la réalité reste.. .et restera toujours héroïque

Le caporal-chef Bostiantzyk, qui commandait - chez moi - le premier groupe, était d'ailleurs, bien le premier - et le dernier - qui put en témoigner, puisqu'il se présenta le surlendemain au rassemblement encore sérieusement éméché, et incapable de tenir sur ses jambes ...

Qui fit que sur avis du capitaine, je dus me résoudre à le punir - excellent subordonné au demeurant ! - en lui infligeant huit jours de consigne ...

C'est mon ordonnance - Sanchez - toujours discret et efficace - qui - la voix chuintante qui était la sienne, avalant les syllabes - me dit le soir - N'était-il pas même, venu me voir "ulgemment" pour la circonstance ? -, avant l'extinction des feux - :

- « Cette nuit, mon lieutenant, il faut dolmir avec le pistolet sous l'oleiller ».

Dormis-je avec l'arme sous le traversin ?

Peut-être bien ...

Ce que je sais surtout, c'est que la semaine écoulée ... Faut-il encore le raconter ?

Tout penaud - pas de confusion sur le terme - Bostiantcyk vint me trouver pour me demander si je lui tenais rigueur de son manquement, mais surtout du commentaire qui avait été le sien, et qui là aussi, s'en était ensuivi de sa part à mon égard ...

Bien évidemment - et toujours ainsi demeuré-je - M'y efforçant au moins - sachant être le dernier des hommes, à conserver la moindre rancune envers quiconque - il n'était pas question de retenir quelque motif ou reproche que ce soit à son égard, évidemment.

Cela n'empêcha pas mon cher Bostiantcyk de vouloir à tout prix - au moment de mon départ effectif-, m'offrir ... briquet légion, porte-cigarettes du 1er REC, et surtout fanion vert et rouge de la section, haubané sur sa hampe, surmontée qu'elle est d'une grenade à sept flammes « dont deux retombantes », entièrement sculptée dans la masse d'une tête d'obus de 60 ...

... Toujours chez moi... et occupant une place d'honneur ...

Salut à toi camarade ...

NOTES

1) La plus belle que je verrais jamais, sera fabriquée - beaucoup plus tard - où j'aurai l'honneur d'être encore invité, revenu à la vie civile - par les trois hommes du PILE de Lille -... dans les caves du poste Légion, hébergé dans la Citadelle ... Caves conséquentes à moultes ramifications ... où les 3 légionnaires concernés vont mener à bien l'un des derniers travaux d'Hercule revisités, en transformant la totalité du sous-sol en mine de ... charbon ... avec entier boisage, rails et wagonnets présents ... mannequins, lampes, marteaux-piqueurs ... etc ...

2) La machine rectifiant l'orthographe vient d'écrire « appesantissements » - Pas question de « laisser faire» la machine ... j'ai bien écrit « applaudissements » !

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